Et pour cause ! En l'absence totale du moindre élément d'opposition, l'atmosphère était au relâchement ce vendredi. A l'image de ces réunions de familles politiques où l'uniformité bien aseptisée contribue à l'épanouissement.

Ainsi, comme pour appuyer et justifier cette sérénité savoureusement débarrassée des nuisibles toujours considérés comme des inconvénients, la première élue s'obstine à déclarer les ex-récents élus de l'opposition comme « absents» de ces réunions, ignorant volontairement, et de fait, leur légitime et formelle démission. A cet égard, il revient au préfet de trancher sur la question. Mais à l'évidence, il semble que le premier magistrat du département et son directeur de cabinet soient réticents à s'emparer du sujet. Bien que nous puissions convenir que le contexte actuel leur attribue très certainement d'autres priorités il est notoire que ces représentants de l'état sont généralement frileux quant à se prononcer dans les affaires communales, y voyant le risque de mettre le pied dans de quelconques pataugeoires politiques, fussent-elles de second ordre. Ce qu'ils redoutent en premier lieu.

Mais, tout cela étant dit, je serais tenté d'approuver cette situation portiragnaise. Elle a au moins ce grand mérite de se débarrasser de cette « hypocrisie » démocratique où les séances municipales ressemblaient à des pantomimes. Où les oppositions se voyaient malheureusement cantonnées à un rôle dérisoire de conformité représentative et étaient tristement démunies de toute pertinence d'existence face à des murs majoritaires infranchissables, inaccessibles à toute forme de débat. Et ce constat n'est en aucun cas d'une banale particularité mais une sérieuse et dramatique anomalie constitutionnelle car elle laisse entendre que le vote serait, en terme démocratique, une fin en soi.

Pour autant, à Portiragnes, cette nouvelle formule inédite d'oligarchie déguisée dans laquelle nous sommes plongés apparaît, force est de le constater, plus limpide. A considérer que le débat municipal n'est, en conseil, pas plus ou pas moins ouvert et à l'écoute que précédemment, cela ne change pas grand chose, excepté que la responsabilité de l'équipe en place devient davantage exclusive, tout comme les comptes qui seront à rendre... à fortiori auprès des 70 % des électeurs qui n'ont pas voté spontanément pour cette liste (votes « contre", votes « blancs" et abstentions).

Ce mandat doit donc se montrer plus efficace qu'il ne l'a été précédemment et apporter toutes les réponses aux attentes des TOUS les administrés comme notre maire qui, par usage, s'est plus à rappeler la formule dans son discours d'investiture mais dont un premier échange conduirait à penser le contraire...

Donc, de la détente, certes ! Mais la réalité se rappellera à elle-même et il serait bon pour l'équipe en place de garder en mémoire que les difficultés et surtout les obligations ne connaissent pas le confinement...

Shaman and Co